Santé

Dr Lamia Boudjedir, gynécologue : « Ma plus jeune patiente ménopausée avait 25 ans »

Irrégularité des cycles, irritabilité, prise de poids, bouffées de chaleur… la ménopause survient entre 45 et 55 ans. Mais ce tournant majeur dans la vie d’une femme n’arrive pas brutalement, il est souvent précédé par la préménopause, période pendant laquelle les activités ovariennes sont ralenties et les hormones féminines diminuent. Pour Dr Lamia Boudjedir, gynécologue  installée en privé, sa  plus jeune patiente ménopausée  avait 25 ans. Elle avait consulté pour un désir de grossesse et son bilan hormonal avait révélé une insuffisance ovarienne prématurée.  

Physio SAHIFA: après plus de 15ans d’exercice, est-il  difficile de parler de symptômes qui touchent aux parties intimes, notamment la ménopause, pour vos patientes ?  Osent-elles  en parler librement ?  Ou bien, serait-il encore un sujet tabou? 

Dr Lamia Boudjedir : Pour répondre à votre question concernant la consultation en gynécologie ayant pour motif la ménopause, il est vrai que ça reste un motif rare lorsque la ménopause survient à l’âge physiologique autour de la cinquantaine et qu’elle ne s’accompagne pas de symptômes gênants. Mais il arrive assez souvent que la ménopause, c’est à dire l’arrêt définitif des menstruations en rapport avec l’arrêt de la fabrication des hormones par l’ovaire s’accompagne de bouffées de chaleur, de sécheresse vaginale, de troubles de l’humeur et du sommeil qui rend les relations intimes difficiles. Ces symptômes amènent souvent la patiente à consulter son gynécologue. La ménopause survient en général à la cinquantaine.  Elle est précédée par une période d’irrégularités des cycles menstruels qui dure 3 a 4 ans avant l’arrêt définitif des menstruations. Mais parfois elle est beaucoup plus précoce et survient avant quarante-cinq ans voire même avant quarante ans. C’est dans ces cas-là que la consultation devient obligatoire car une ménopause précoce s’accompagne d’un risque important de maladies cardiovasculaires et de risque de fractures dues à l’ostéoporose.

Physio SAHIFA : après des années d’exercice, quels sont les aspects moins connus de ce phénomène ?

Dr Lamia Boudjedir : Les aspects les moins connus de la ménopause restent les symptômes liés à l’atrophie génitale et la sécheresse vaginale dues à la carence hormonale engendrée par la ménopause et qui s’accompagnent  de symptômes  gênants comme les brûlures vulvo- vaginales ,des relations intimes difficiles et une plus grande susceptibilité aux infections génitales. Ces symptômes doivent être recherchés systématiquement lors de la consultation, car rarement révélés spontanément par la patiente.    

Le nombre de femmes qui consultent pour  ménopause est effectivement plus important ces dernières années surtout si la ménopause s’accompagne de symptômes gênants en particulier les bouffées de chaleur.

Physio SAHIFA : justement, y a- t-il une prise de conscience  de la part des femmes de l’importance de consulter un gynécologue durant cette phase importante dans leur vie ? Et que peut faire une bonne prise en charge gynécologique pour les femmes ménopausées ?

Dr Lamia Boudjedir : Oui effectivement si la ménopause survient à l’âge physiologique autour de la cinquantaine et qu’elle ne s’accompagne pas de symptômes invalidants,  elle ne nécessite pas de traitements particuliers.  Cependant cette période de la vie génitale de la femme comporte un certain risque de maladies gynécologiques et non gynécologiques.  Raison pour laquelle la femme doit consulter afin de pratiquer un bilan de santé général. La consultation est une occasion pour le gynécologue de faire un bilan de santé de la patiente et en particulier un dépistage des cancers gynécologiques en pratiquant un frottis cervico-vaginal et une mammographie. 

Physio SAHIFA: des spécialistes parlent du nombre de femmes avec une ménopause précoce qui ne cesse d’augmenter. Vous partagez leur avis ?  La  plus jeune ménopausée qui s’est présenté à votre cabinet avait quel âge ?

Dr Lamia Boudjedir : La ménopause est dite précoce si elle survient avant quarante ans.  Actuellement on parle d’insuffisance ovarienne prématurée.  Elle peut être due à des facteurs iatrogènes,  suite à une chirurgie, à certains médicaments comme la chimiothérapie ou à une radiothérapie.  Elle peut être aussi en rapport avec des facteurs génétiques ou infectieux. Dans ces cas-là, les traitements souvent hormonaux sont indiqués.  Ils ont pour but de compenser la carence hormonale précoce et qui,  non traitée, peut provoquer des complications graves comme l’ostéoporose qui est une fragilisation des os et un risque accru de fractures et des maladies cardiovasculaires.  Ma patiente ménopausée  la plus jeune avait vingt-cinq ans.  Elle avait consulté pour un désir de grossesse et son bilan hormonal avait révélé une insuffisance ovarienne prématurée.  

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